Franky et Edwin sont deux
enfants, deux copains. Ils jouent à faire les grands en emmenant les
filles danser au volant de leur voiture. Mais la grande dépression
frappe leurs familles, leurs parents sont endettés, n'ont plus de
quoi vivre et sont sur le point de perdre leurs logements. Afin
d'alléger leur calvaire, Franky et Edwin font le choix de vendre ce
qu'ils peuvent, et finalement, comme des centaines d'autres enfants,
ils fuguent vers les grandes villes pour chercher du travail. Un
périple à bord de wagons à marchandise des terres agricoles
jusqu'aux rues new-yorkaises. Petit à petit ils apprennent à se
battre comme des adultes pour défendre l'honneur de leur famille
face aux adultes, ) la police et à la justice.
Énorme découverte également,
ce film traite d'une réalité dramatique, celle de la grande
dépression, mais sous un angle inédit. C'est du point de vue d'une
foule d'enfants que la dureté de la crise de 1929 est montrée,
comme elle a été vécue. Le film est marquant de froideur et de
réalisme. L'innocence des enfants existe au début du film avec des
moments d'espièglerie sur les wagons de marchandises, lors du
premier départ. Mais plus les séquences s'enchaînent plus la
tension est palpable, plus le décor se remplit d'enfants qui font la
manche. Une séquence en particulier est à l'image du film dans son
ensemble du point de vue de la morale. Poursuivis par des adultes,
les enfants courent dans une gare de triage. L'un d'eux tombe au sol,
blessé et au milieu d'une voie sur laquelle un train approche. La
tension est à son comble puisque l'enfant se traîne lentement, ses
camarades se tiennent entre deux wagons et redoutent le pire. Et le
train heurte l'enfant, qui perd alors sa jambe. Je fus marqué par la
violence de la scène, pour l'époque j'ai trouvé cela très dur, de
plus dans un film basé sur une réalité sociale vieille de
seulement quelques années. A partir de ce moment l'espoir qui
naissait en quittant sa famille, bien coiffé, bien vaillant, tout
cela n'existe plus et la mise en scène présente les enfants comme
des adultes. Groupés, les manches retroussés, casquettes sur la
tête, débrouillards, agressifs. Si bien que la fin heureuse sous le
message d’État « We do our part » paraît bien peu
après ce choc.
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